jeudi 1 septembre 2011

John Suliman Contemplation (music for Burgundy)

John Suliman trio contemplation (music for Burgundy)





John Suliman saxophones (ténor, baryton)
Erik Plossen double basse
Mark Kneppler drums

1 les Faverelles 5:02
2 A journey around Avallon 17:56
3 Saint-Agnan lake 9:27
4 Contemplation 23:02
5 Blues for Erik 4:59


A l’instar d’un Vernon McDowell qui en son temps posa ses valises et ses nappes de claviers sur les reliefs morvandiaux, John Suliman a trouvé dans les brumes d’Avallon de quoi réinspirer un sax atone depuis quelques années. En claquant la porte d’ECM l’an dernier, le New-Yorkais tournait certes le dos à un label prestigieux mais aussi à une série d’albums aussi ternes et lénifiants qu’un feuilleton allemand. Le ténor retrouve donc le goût de l’aventure, épaulé par le duo Plossen-Kneppler (on se souvient d’une première collaboration sur le très bon Parabolic Landscapes, sorti en 1987 chez Sustainable Noise). Entre froideur métronomique – comme un écho à la rigueur des hivers bourguignons – et belles envolées portées par la volupté de la double basse, le trio randonne, défriche, se débat dans les ronces, coule le long des vignobles, s’immerge ou s’élève jusqu’à la grâce dans une tentative haletante de rendre dans la moindre aspérité les rythmes du paysage, tantôt luxuriance tantôt dénuement le plus total. Pari plutôt réussi pour un opus qui nous emmène dans une belle balade sans céder à la pédanterie du concept-album à écouter dans le noir un cierge à la main. Pour preuve, l’étonnant Les Faverelles ouvre l’album sur un hymne à la joie version Bacchus où les cuivres adjoints pour l’occasion (Max Drempels au trombone, Olaf Petersen au baryton) terminent sur une fanfare au bord de l’apoplexie. Suivent de belles pièces au long cours qu’on pourrait taxer de jazz progressif jusqu’à l’apogée mystique du morceau-titre Contemplation, preuve que le trio n’est pas redescendu indemne de la colline éternelle… Les monomaniaques – dont je suis – ne manqueront pas de déceler un vibrant hommage au Love Supreme dans les incantations qui ferment la première partie. Blues for Erik nous remet enfin les pieds sur terre grâce aux coups de fouet de Mark Kneppler, qui signe là son unique compo de l’album. Etrange blues qui s’offre des détours ternaires pour mieux laisser s’épanouir les talents de soliste de Suliman. Sur terre oui, mais sur la pointe des pieds…

NR